4 avr. 2013

Les perturbateurs endocriniens et nous


La protection de la santé publique contre les perturbateurs endocriniens a fait l'objet d'un rapport du parlement européen en janvier 2013 et le texte a été définitivement voté et adopté le jeudi 14 mars 2013. C'est un premier pas dans la reconnaissance des perturbateurs endocriniens et de leurs interactions néfastes avec le corps humains.

Cette prise de conscience débute essentiellement dans les années 90 avec la mise en relation entre la présence de certains polluants industriels et la disparition et la malformation de la faune en divers endroits (disparition des loutres en Angleterre, baisse de la fertilité des visons du lac Michigan, altération de la reproduction des phoques en Europe de l'Ouest).

Caractéristiques des perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement des systèmes endocriniens et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants.

Le système endocrinien étant l'ensemble des organes qui secrètent des hormones diffusées par le sang ensuite dans tout l'organisme. Toutes ces hormones interviennent dans le bon fonctionnement des organes et sont impliquées dans la reproduction et le comportement sexuel.

Ces perturbateurs endocriniens sont en fait des molécules qui, par leur structure ou par leurs modes d'actions, miment ou interfèrent avec les hormones naturellement présentes dans notre corps. Elles peuvent agir à très faible dose et s'accumuler dans l'organisme en particulier dans les tissus adipeux (gras).

Ces substances chimiques sont retrouvés dans la nature aussi bien dans l'eau, l'air et la terre mais aussi dans les aliments exposés à des ces environnements pollués et dans certains produits cosmétiques du quotidien.

Il est important de souligner que ce n'est pas la dose qui compte mais la durée et la nature de l'exposition. Ils agissent à très faible dose et s'accumulent dans l'organisme. L'autre point important qui découle des précédents est que les effets néfastes peuvent apparaitre longtemps après l'exposition et se transmettre d'une génération à l'autre : certaines études suggèrent que ces substances impliquées perturbent la méthylation de l'ADN (un des mécanismes essentiels assurant la protection de l'information génétique) et donc entrainer l'apparition de mutations qui peuvent transmises à l'enfant si ces mutations touchent les cellules sexuelles.

Nature des perturbateurs endocriniens

On peut les classer en deux catégories :
  • Les hormones naturelles (les photo-oestrogènes dans certaines plantes proches des oestrogènes naturelles des femmes) et artificielles (les contraceptifs oraux destinés aux humains et aux animaux) peuvent se retrouver dans l'alimentation humaine.
  • Les substances anthropiques, c'est à dire relatif à l'activité humaine, sont couramment utilisées par l'industrie soit directement incorporées dans le produit final soit sous forme de déchets après le processus de fabrication.
C'est dans cette dernière catégorie que se trouvent les principaux polluants dans les produits de consommation courantes. Beaucoup sont présents dans les produits de beauté et d'hygiène à cause de leurs propriétés antibactériennes (le triclosan, le parabène, etc).
Petite liste non exhaustives de ces perturbateurs :
  1. les pesticides en général
  2. Le bisphénol A
  3. L'alkylphénol et le nonylphénol
  4. Le parabène
  5. Les dioxines
  6. Les polychlorobiphényles (PCB)
  7. Les polybromobiphényles
  8. Le triclosan

Que dit la loi ?

Le bisphénol A avait fait beaucoup parlé il y a un an, un loi avait été votée à l’assemblée nationale en 2012 pour interdire son utilisation dans les produits destinés aux enfants de 0 à 3 ans dès 2013 et pour tous dès 2015 et confirmée au sénat en décembre 2012. Une loi visant à interdire les phtalates, les parabènes et les alkylphénols a été aussi adoptée en 2011.

Ce ne sont donc que des lois nécessaires mais au coup par coup, occultant la notion générale de perturbateur endocrinien pour ne se concentrer que sur telle ou telle molécule.

Le parlement européen va donc plus loin en proposant de repréciser la définition de cette notion, en mettant l'accent non pas sur un effet de seuil mais sur la durée et la nature de l'exposition. Il propose aussi une meilleure information des citoyens et une meilleure formation des professionnels de santé en la matière.

Le rapport complet de la commission est disponible sous format pdf ici.

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